3 jours chez les berbères

Casablanca, jeudi 13 octobre 18h21: la fin de semaine de 3 jours à Essaouira planifiée avec d’autres étudiants vient tout juste de tomber à l’eau. Changement de plan, je décide de partir seul dans le massif du Toubkal pour faire de la randonnée. Le temps de mettre quelques affaires dans mon sac et j’attrape le train de 19h30, direction Marrakech. Vers minuit, j’arrive dans un petit hôtel où je pose mes affaires pour ensuite aller manger dans la Médina puis me coucher. Avant d’entrer dans le vif du sujet, une petite mise en contexte s’impose. Il faut savoir que la région dans laquelle je m’aventure est différente des précédentes puisqu’elle est habitée par un peuple bien particulier: les berbères.

J’ai écrit un article plus détaillé sur les berbères que vous pouvez consulter ici.

Jour 1: Imlil à Tachedirt

Réveil matinal. Je prends un grand taxi de Marrakech à Imlil, un village de départ pour plusieurs randonnées dans le massif du Toubkal. Au fur et à mesure que je m’approche, le désert fait place aux montagnes, le massif devient de plus en plus défini et l’air se rafraîchit. J’entreprends ma randonnée en suivant une petite route qui serpente à travers la vallée jusqu’à un premier col (2280m). J’y fais la rencontre d’un touriste français et de son guide, un berbère, avec qui je discute de l’importance du tourisme dans la région. Il m’explique que les habitants y sont très pauvres et que leur survie passe, entre autre, par les randonneurs. Je descends ensuite dans le bas de la vallée et passe à travers les villages de Tinerhourhine, Tamguist et Ouanesekra, qui semblent vivrent au gré de l’appel du muezzin qui résonne dans la vallée. Ce faisant, le ciel s’assombrit rapidement et la pluie commence à tomber, suivie de grêlons. La vallée est sillonnée par un petit ruisseau qui devient probablement une rivière au printemps. Près des rives, l’odeur de menthe se mêle à celle de la pluie et de la poussière.

Une atmosphère particulière baigne la vallée. Tout est très calme et agité à la fois. On n’entend que l’écho des cris des enfants qui jouent et quelques chiens qui aboient.

J’arrive finalement dans le petit village de Tachedirt, où je suis seul client d’un gîte qui semble prêt à accueillir une armée. Pour souper, on me sert un énorme tajine berbère accompagné de thé à la menthe et de quartiers d’orange. Une atmosphère particulière baigne la vallée. Tout est très calme et agité à la fois. On n’entend que l’écho des cris des enfants qui jouent et quelques chiens qui aboient. Dès que le soleil se couche, la température diminue drastiquement et c’est à ce moment que je prends conscience qu’il peut faire froid au Maroc.

Jour 2: Tachedirt à Iabassene

J’avale un petit déjeuner copieux puis je quitte Tachedirt pour entreprendre la montée du col Tizi n’ Tachedirt (3230m). Le sentier est très rocailleux et bien identifié, quoiqu’il arrive par endroit que l’on en dévie sans s’en rendre compte. Je suis précédé de peu par un berger qui mène ses chèvres vers des pâturages en altitude. D’ailleurs, il m’indiquera le chemin un peu plus tard alors que je marche depuis 20 minutes à 10m du sentier. Malgré le soleil qui plombe, l’air est frais et le vent assez fort. Le Jebel Angour (3616m) se dresse à ma gauche avec son sommet enneigé. J’atteins le col vers 13h puis commence une longue descente à travers les genévriers et les cèdres. Au fur et à mesure que j’avance, la terre passe d’un brun café à un rouge ocre. Au détour d’un cap rocheux, j’aperçois finalement le village de Iabassene et ses terrasses où navet, blé, pommiers et noyers sont cultivés depuis des générations.

Je passe le reste de la soirée éclairé par une chandelle à discuter avec Mohamed et à lui donner un cours d’anglais/français.

Je m’installe dans le petit gîte “Chez Ali Ouhya” où mon hôte, Mohamed, me sert un thé à la menthe accompagné de petits biscuits et de noix de grenoble, typiques de la région. Je me promène ensuite dans le village et observe de vieux hommes et des enfants briser l’enveloppe des noix pour les vendre au souq. Mohamed m’invite ensuite à visiter sa maison. Je suis surpris de constater qu’une chèvre se trouve sous un petit salon, où sa femme et ses filles sont assises. Le tout fait environ 30m2, en comptant les quelques ballots de bois accumulés à l’entrée en vue de l’hiver. Je m’installe pour souper sous une ampoule faiblissante et mange un énorme tajine berbère avec un morceau de coeur de chèvre. Je prends ensuite le thé et profite de l’isolement pour observer les étoiles filantes. Je passe le reste de la soirée éclairé par une chandelle à discuter avec Mohamed et à lui donner un cours d’anglais/français. Puisqu’il ne sait ni lire, ni écrire, il se fie à ses filles pour comprendre ce que j’écris. Celles-ci tentent ensuite de m’apprendre quelques mots en tamazight; disons que j’aurais encore besoin de pratique pour commander une pizza.

Jour 3: Iabassene à Setti Fatma

Une longue journée m’attend alors je me lève tôt et prend un bon déjeuner traditionnel: pain, huile d’olive, omelette et thé. Étrangement, des gens sont sur le toit de leur maison et semblent attendre qu’il se passe quelque chose. Le sentier se transforme en petite route de terre qui serpente à travers les montagnes. Autour de moi, il n’y a que des roches, du sable et encore d’autres roches. Le soleil plombe et le blond à la peau sensible que je suis cherche un peu d’ombre, ce qui est impossible à trouver. Habituellement un petit village tranquille, aujourd’hui Setti Fatma fourmille de touristes et de marchands puisque c’est jour de souq. Épuisé et comblé, je prends finalement un grand taxi jusqu’à Marrakech puis un train jusqu’à Casablanca.

Ce chemin, moins populaire que l’ascension du Jebel Toubkal, vaut définitivement le détour pour ses villages, ses habitants et sa beauté. Les journées ne sont pas très longues et peu exigeantes physiquement, il est donc possible de profiter pleinement des paysages. Pour qu’un séjour au Maroc soit complet, je pense qu’il faut définitivement faire l’expérience du peuple Berbère, que ce soit au sud, dans le Haut-Atlas ou dans le Rif

Jusqu’à maintenant, c’est définitivement le point fort de mon voyage au Maroc et j’entends répéter l’expérience dans le nord. À suivre.