Commencer du bon pied
Avant de commencer, il faut savoir qu’il y a environ une douzaine de fin de semaines pendant lesquelles je peux partir du campus et visiter le Maroc. Puisqu’il y a énormément de choses à voir, chaque occasion de partir doit être rentabilisée au maximum.
C’est dans cette optique que, vendredi soir, je mets le strict minimum dans mon sac à dos et embarque dans le train d’El Jadida. Un transfert, 45 minutes de retard et 60 DH plus tard, je suis assis dans un café sur le bord de la plage et prends le thé avec Khalid, un marocain rencontré dans le train. Il m’invite chez lui où je passe la nuit dans mon premier salon marocain et prend conscience de l’hospitalité incroyable dont font preuve les gens ici. Le lendemain mon hôte part travailler et me donne rendez-vous en soirée dans un café; j’ai donc la journée pour visiter la ville.
Entourées de murs épais, les rues étroites abritent encore des familles pour qui le temps semble s’être arrêté au 14e siècle.
L’attraction principale d’El Jadida est la Cité Portugaise, une forteresse bâtie au bord de l’eau en 1506 par les Portugais afin de protéger leurs bateaux. Entourées de murs épais, les rues étroites abritent encore des familles pour qui le temps semble s’être arrêté au 14e siècle. Je me promène ensuite dans le souq et goûte au jus d’avocat, qui contient un avocat, du lait et du sucre au mixer. C’est bon mais après un verre on a l’impression d’avoir dîné. J’embarque ensuite dans un taxi pour me rendre à Sidi Bouzid, une petite ville à 20 km au sud d’El Jadida. La plage est magnifique et j’en profite pour me promener et me baigner.
La journée tire à sa fin et je rejoins mon hôte dans un café comme prévu. Nous allons chez lui et il m’annonce que ce soir, je serai son élève: il va m’apprendre à cuisiner le tajine. Pour démystifier légèrement les choses, le tajine est à la fois un met, un mode de cuisson et le contenant lui-même. Il existe plusieurs variations du met, par exemple: tajine de boeuf, tajine de poulet aux olives, tajine de légumes, etc. Le tajine que nous préparons est plutôt simple: oignons, carottes, tomates, olives, pommes de terre, boeuf, coriandre et épices. La réussite du plat repose principalement sur le dosage des épices et la maîtrise du ratio temps de cuisson/quantité d’eau. Pendant que ça mijote, nous en profitons pour discuter du travail, de la famille et de la religion au Maroc. Je réalise que nous venons définitivement de pays différents et que nos cultures sont aux antipodes sur bien des aspects. Malgré les différences idéologiques, le courant passe et nous passons une soirée formidable.
Je réalise que nous venons définitivement de pays différents et que nos cultures sont aux antipodes sur bien des aspects.
Le lendemain, je fais mes adieux à mon hôte et pars pour Oualidia, une destination populaire pour son lagon et ses huîtres. À mon arrivée, je m’installe les deux pieds dans le sable et me délecte, littéralement, de sardines grillées sur charbon de bois avec citron et salade marocaine. Je loue ensuite un surf mais n’attrape aucune vague, faute de coordination avec la marée. J’en profite pour goûter à quelques oursins et me fait abondamment vanter les vertus aphrodisiaques du mollusque. Malgré les arguments et les statistiques du vendeur (jusqu’à 12 fois en ligne), je reste sceptique. Je reviens finalement à Casablanca en soirée, attrape un chawarma et mange avec un marocain rencontré dans le bus. J’arrive finalement sur le campus de l’ISCAE vers 21h et me surprend à me sentir chez moi.
Ma première fin de semaine a donc été une réussite totale et j’espère pouvoir en dire autant de celles qui sont à venir. Toute bonne chose ayant une fin, j’ai passé la nuit suivante à faire de la fièvre, à vomir et à avoir la diarrhée.